La lecture de l’ouvrage de Béa Johnson cet été m’a apporté quelques plus et idées nouvelles pour l’organisation du quotidien. Mais je suis avant tout tombée sur un chapitre qui m’a réellement touchée, à savoir la surconsommation de loisirs. Car seuls quelques amis proches partagent ce point de vue. Et pour la première fois, je me suis sentie moins seule.
De plus, cet article est aussi une réponse au sempiternel ‘tu es prof, tu as le temps’ que je ne peux tout simplement plus supporter, tant il me défrise. Car il y fort longtemps, je travaillais dans un bureau à 39 h et 4 h récup/rtt. Et j’avais bien, bien plus de temps que maintenant. Je ne passais pas mes soirées à corriger ni mes soi-disant vacances à préparer les cours. Ni à cumuler plein de missions annexes. Par contre, cette année, j’ai appris à faire des choix. Bon, revenons en au sujet….
Les loisirs ne doivent pas, à mon sens, passer avant la famille, être un motif de compétition entre parents, ou encore combler une absence du parent, des frustrations anciennes.
Attention, que les choses soient clairement posées : j’ai moi-même beaucoup de loisirs, tant que je ne regarde (presque) plus la télé et je n’aurai jamais assez de temps libre pour me consacrer à tous mes centres d’intérêts très divers. Et je ne blâmerai personne d’être dans un club… Je suis moi-même inscrite à une activité. Mais à une seule. Le reste, je le pratique soit à la maison, soit durant mes pauses déjeuner.
1. Premier constat : des enfants aux emploi du temps de ministre.
C’est l’aspect “surconsommation” et “compétition de coq” qui a initialement attiré mon attention dans l’établissement où j’exerce, il y a presque plus de 8 ans de cela. Je me suis retrouvée confrontée à des élèves qui n’arrivent plus à suivre scolairement ou qui sont exténués le matin en classe parce qu’ils ont 3 entraînements sportifs par semaine jusqu’à 22 h, des compétitions tous les week-ends et, comme cela ne suffit pas, il font aussi musique et théâtre. Bref, à un moment donné, il faut dire stop : le gamin est presque en burnout là !!! Je suis vraiment convaincue qu’il n’y a pas que l’école dans la vie et ne donne que peu de devoirs. Surtout pas pendant les vacances et en général, jamais de contrôle un lundi pour pouvoir passer du temps en famille.
Mais les gens, réveillez-vous !!! On n’est pas dans une compétition à celui qui a des enfants qui fait le plus d’activités en clubs. Et il en ressort un triste bilan :
- gosses épuisés qui ne jouent plus (car oui, les ados jouent encore – jeux de sociétés, lego techniques élaborés),
- ne sortent plus dehors s’amuser,
- littéralement enfermés dans les activités parfois même choisies pour eux : “tu auras le droit de faire foot si tu fais saxo pour faire plaisir à maman”. Ouais… pour que maman puisse mieux se vanter la prochaine fois qu’elle se pavanera devant ses amies.
J’ai même assisté à des situations ridicules, où un parent nous faisait la morale de manière virulente lors d’un conseil de classe car sa fille a entrainement piscine, basket et danse (3 activités, rien que ça) et que nous devrions tenir compte de son emploi du temps privé pour fixer les contrôles. Fou rire général et indignation… Nous avons informé ce cher Monsieur qu’il ne nous est impossible de tenir compte de l’emploi du temps de ministre de sa fille en raison des 28 autres emploi du temps de ministre de ses camarades 🙂 Et le plus drôle ? Ce papa ne voyait que la situation de sa fille, il ne comprenait pas que d’autres existent. Dans quelle société vivons nous…
2. Une course nombriliste pour les parents.
A un certain temps, une collègue avait lancé cette mode de se plaindre… Son fils faisant une activité sportive, de la musique et elle plein d’activités, sans compter celles de sa petite dernière. Vite, très vite, cela s’est transformé en un ridicule cirque de celle qui se plaint le plus des compets de gym, trajets, temps à regarder les enfants sur le terrain par temps exécrable – une magnifique mascarade sous latente de celle qui se vante le plus de sa progéniture soit disant ultra douée à l’emploi du temps de ministre. J’avais envie de dire “eh bien, tu l’as bien cherché non?! De quoi te plains-tu ?”, mais je n’ai rien dit. J’ai fuit et fuis toujours encore plus cette salle de repos durant les pauses déjeuner tant que j’y trouve des mégères jouant à qui voulant être la meilleure mère.
Je vous passe tout le dédain dont cette collègue m’a gratifiée lorsque j’ai évoqué que ma fille (âgée alors de 5 ans) ne faisait pas d’activités à l’extérieur régulières, mais juste quelques cours ou activités à la carte et que je préférai miser sur le temps passé en famille.
Depuis que cette collègue n’est plus là, cet effet de mode s’est calmé. Et heureusement.
Soyons sincères et réalistes : oui les enfants ont envie de faire plein de choses et c’est bien normal car ils sont curieux. Mais il appartient aux parents de limiter les dégâts, surtout pour ne pas s’épuiser en trajets qu’ils soient en ville ou à la campagne.
Car c’est aussi l’envers du décor – très souvent les mères se farcissent la corvée de véhiculer les enfants à leur multitude d’activité (oh répartition inégale), ce qui peut virer au cauchemar avec deux enfants ayant deux à trois activités différentes, évidemment ni aux mêmes lieux et mêmes horaires. Une amie a fait le choix de travailler à 80 % pour avoir le mercredi de libre. Elle passe la journée à véhiculer ses enfants et c’est rebelote les week-ends… Moi, cela ne me fait pas rêver… Quand j’ai du temps libre avec ma fille, on improvise des choses en fonction du temps. Quel plaisir de ne pas être contraints par des activités hebdomadaires systématiques !
3. J’ai l’impression de passer pour un alien…
Avant d’avoir fondé une famille, nous avions chacun des activités et pour ma part un paquet. Mais avec une règle d’or : elles ne devaient pas interférer sur notre vie de couple ou notre future vie de famille. Hors de question pour nous de “se flinguer” le week-end ensemble à cause des activités de l’un des deux ou de vivre comme des collocs parce que l’on ne se voit plus, chacun passant ses soirées de son côté à l’extérieur. J’ai d’ailleurs vu des personnes de mon entourage passer de moins en moins de temps ensemble, s’éloigner pour finir par se séparer, ne partageant “plus rien”. D’autant plus quand il y a des enfants et que c’est trop souvent le / la même qui s’occupe de les garder… J’ai toujours trouvé cela effrayant.
Nous veillons donc à placer nos activités sur des pauses déjeuner si c’est possible et surtout, de ne jamais impacter le week-end pour cela (ou alors de manière très limitée). Le week-end, il y a des activités, mais … en famille 😉
Maintenant que nous avons fondé une famille, notre fille a le droit à UNE SEULE activité en club. Elle doit donc y réfléchir très soigneusement et son choix s’est porté sur “poterie” pour la deuxième année consécutive. Hors de question pour moi de m’épuiser à faire le taxi : elle a le droit à une activité en club pour s’épanouir et moi à ne pas me surcharger en fatigue et déplacements, la planète dira aussi merci. De plus, je la dépose, Vincent la recherche, nos trajets sont répartis. J’ai pris le créneau du mardi soir et non pas du mercredi pour qu’elle puisse voir ses copines et jouer. Et parce que le mardi soir, Vincent peut m’aider ce qui n’est pas le cas pour un mercredi en pleine aprem.
De mon côté, entre le boulot très prenant, les heures supps, les devoirs de la Maus, les repas et le poids du quotidien, j’ai besoin de me ressourcer un peu. Vincent a donc insisté il y a quelques années pour que je fasse une activité à l’extérieur pour me détendre. Et j’apprécie ce petit instant sans personne dans les pattes. J’ai donc successivement fait marche nordique (2 fois par mois, dimanche, de 8 h à 10 – on avait toute la journée encore ensemble), patchwork durant un an (2 jeudis soirs par mois) et cette année couture tous les mercredis soirs. Cela me fait du bien, mais je suis contente de ne pas être plus absente afin que nous fassions des choses ensemble. Pour le sport, j’ai du mal à trouver un créneau, mais je vais essayer d’utiliser ma pause déjeuner à partir de mi-novembre 2019, après certaines grosses échéances professionnelles.